Plus d’allocations familiales pour les parents dont les enfants sèchent l’école, et un policier dans les écoles deux fois par semaine pour rencontrer les élèves et enseignants. Voilà ce que propose Nicolas Sarkozy pour remédier au problème de la délinquance et de l’absentéisme…
Le Président a-t-il seulement déjà parlé à un maire ? à un enseignant ? Ayant des témoignages des deux, voici ce qu’ils en pensent :
– Du côté de beaucoup de maires, et je me range à leur côté, il faut penser le problème sous trois angles : la question de la parentalité, la question de la pédo-psychiatrie, et la question de l’éducation nationale. Florent Montillot, Maire-adjoint d’Orléans, Expert international sur la sécurité et la prévention de la délinquance et directeur du pôle conseil de France action locale, parle de « sortir l’enfant de l’école de la rue pour le replacer à la fois sur l’éducation parentale et l’éducation nationale ». Il met en avant également la souffrance de l’enfant non traitée ainsi que le traitement de l’enfant non à partir du lycée, lorsqu’il approche de l’âge de voter, mais dès le primaire, dès l’apprentissage de la lecture. Car un enfant qui ne sait pas s’exprimer autrement que par le physique et qui ne peut faire comprendre sa souffrance est un enfant qui s’égare vers la délinquance juvénile.
L’absence parentale est, et cela est prouvé, la cause majeure qui mène les enfants à l’école de la rue. Mais est-ce en supprimant les allocations familiales que les parents trouveront plus de temps pour leurs enfants ? Sûrement pas.
– Les enseignants, quant à eux, sont des experts sur le terrain. Il suffit de lancer un professeur sur le sujet pour qu’il parte dans un débat sans fin sur l’insuffisance des effectifs de surveillants dans l’école. Je discutais avec un professeur récemment, qui me racontais une histoire dans son lycée : une bagarre a éclatée, deux élèves se battaient à coups de poings dans la cour de récréation, et PERSONNE n’étais là pour les séparer. Il a fallu plusieurs minutes avant que ce soit un professeur qui arrive et les sépare… une des deux bagarreuses a été sérieusement amochée.
Est-ce un policier qui vient 2 fois par semaine qui séparera deux élèves qui se battent ? Sûrement pas. Est-donc logique de mettre cette mesure en place tout en diminuant les effectifs dans les établissements scolaires ? Encore moins. « Oui, mais il faut résoudre le problème à la racine, et non pas traiter les conséquences », pourrait-on dire. D’accord. Mais traiter les origines du problème, est-ce envoyer un policier parler aux jeunes une fois de temps en temps ?
Allez dire ça au père de la gamine qui a fini à l’hôpital après la fameuse bagarre, père qui a débarqué à l’école le lendemain armé d’une matraque pour demander où était l’adversaire de sa fille pour lui apprendre sa leçon.
La délinquance juvénile est une question sensible, délicate, majeure. Mais elle est également complexe car elle s’intègre dans tout le contexte qui entoure la société actuelle. Et je reste fidèle à moi-même et à tous mes autres billets lorsque je dis : tout est lié. On ne peut traiter un problème sans traiter les autres. La base du problème est à la racine de ce que devient notre société. Il faut traiter la racine tout autant que traiter les conséquences.
Mais traiter les racines ne signifie pas obligatoirement résoudre tous les maux de notre société. Cela signifie surtout essayer de comprendre. Et qui est le plus à même de comprendre le terrain que les maires, les enseignants, ces gens qui expérimentent chaque jour la situation. Et lorsqu’un maire tel que Florent Montillot ou Manuel Valls, député-maire d’Evry, proposent des solutions sur leur commune telles que des parents volontaires qui surveillent certains enfants dont les parents ne sont pas disponibles, ou l’installation d’un couvre-feu pour les moins de 13 ans non accompagnés, ou encore travaillent sur la question du mal-être de l’enfant et de sa vision de l’autorité parentale, et qui couplent ces initiatives avec de nombreux dispositifs pour tenter de croiser les solutions, je dis chapeau.
-S-
Dérives actuelles 